André Chaboisseau
DISTINCTION de CHEVALIER dans l’ORDRE NATIONAL du MERITE
– Monsieur André CHABOISSEAU –
Remise le 14 septembre 2024 à Niort, par Monsieur Jean-Michel OPRENDEK,
Chevalier dans l’Ordre de la Légion d’Honneur, Président de la Fédération Nationale des Joinvillais.
Monsieur le Maire, monsieur le président du comité départemental des distinctions nationales, monsieur le vice-président de la Fédération des Joinvillais, mesdames, messieurs, cher amis,
Comme chacun sait, nous voilà réunis pour honorer l’un des nôtres, le citoyen André Chaboisseau, monsieur Chaboisseau, le Maître André Chaboisseau. Nombreux sont ici celles et ceux liés à lui par des liens très forts, certains de fidèle et solide amitié ce qui est mon cas ; mais dans la solennité de cette cérémonie, pour la circonstance et la première fois, aujourd’hui je le vouvoierai.
Cher André Chaboisseau, vous êtes né à FRONTENAY ROHAN le 4 mai 1945 à 11 kms d’ici. Vous avez effectué votre parcours scolaire à FRONTENAY, NIORT et à SAINT-MAIXENT. Vous êtes un enfant du pays. Mais faisons un grand pas dans votre humanité : à l’issue de votre service militaire, poussé par vos supérieurs qui vous voyaient embrasser une carrière d’officier, vous restez dans l’Armée. Vous connaitrez les affectations de SAIN-MAIXENT, SINGEN, CONSTANCE, MULHEIM, RORCHACH, la FLECHE et le MANS, laissant partout où vous êtes passé, l’empreinte d’un homme rigoureux, attaché aux valeurs, au caractère déterminé, pugnace et têtu. Serait-ce une caractéristique dans les Deux-Sèvres ? Si c’est l’âme d’un homme du terroir qui s’exprime ainsi en vous, alors cette terre est de grande qualité. Mais voyons cela de plus près :
Vous êtes d’abord un athlète ! En 1966 champion de France de cross country avec l’équipe de votre régiment cette performance est une révélation qui vous mènera à participer aux grandes classiques du Figaro, Jean BOUIN, HOURTIN, MEZE, entre autres, et d’y figurer aux premières places. Dans la foulée, de 1967 à 1969, vous arriverez à concilier la mission d’entraîneur-athlète de haut niveau qui vous sera confiée.
Athlète, escrimeur, avec vos dispositions et ce niveau élevé, vous entrez au Bataillon de Joinville en tant que pentathlète militaire, puis vous vous orienterez vers ce sport olympique qu’est le pentathlon moderne étant du groupe retenu pour préparer les JO de Munich en 1972. Mais dans ce sport éminemment complet où il faut être bon en escrime, au tir au pistolet, en natation, en équitation et cross country, vous reconnaissez que vous aviez d’un niveau trop faible en équitation ce qui vous empêchait d’être dans le carré des meilleurs, ce qui était inconcevable pour vous. C’est ainsi qu’en 1972 vous n’avez pas été sélectionné pour les JO de Munich et d’en convenir, est bien un des traits majeurs de l’esprit sportif qui vous anime : la lucidité. Vous savez tourner la page quand la raison l’impose, évacuer tout regret, toute obstination inutile, voire à pester contre le sort. A l’heure où nous avons vécu de si beaux JOP chez nous, il en est ainsi d’un grand nombre d’athlètes laissés à la porte des sélections. Ils font partie de la pyramide qui a conduit à ces succès. Ils ont en quelque sorte portés vers le haut les médaillés. Sachons les tenir dans la considération qui leur est due, celle qui en tout vécu et partage vous habite, cher André.
Mais dans votre parcours où le plus important fut votre rencontre avec votre épouse, Sylvie, et la descendance que vous avez si bien assurée avec Eddy et Romain, vos grands fils aujourd’hui, deux évènements ont été fondamentaux dans votre vie : la rencontre avec le maître Roger COIFFIER, votre Maître d’armes et mentor, qui fit de vous un escrimeur et celle que vous fîtes avec l’Ecole magistrale d’escrime de FONTAINEBLEAU où pendant 2 ans vous y avez été formé pour devenir Maître d’armes. C’est alors qu’avec vos capacités et votre tempérament, touché par la passion que suscite ce noble art, c’est à votre rythme, votre style, et votre façon, que vous en explorerez toutes les facettes techniques, pédagogiques et tactiques, comme enseignant et compétiteur.
C’est donc une toute autre belle page que vous ouvrez en entrant à l’Ecole de Maître d’armes militaires de Fontainebleau dirigée par la référence de la corporation qu’était le Maître THIRIOUX, et ses maîtres assistants choisis en conséquence. Observateur attentif, appliqué et studieux, d’un naturel plutôt taiseux dans ce monde volubile et vibrant au son du cliquetis des lames et donc l’ensemble vibrionnant, vous avez su écouter, apprendre, endurer, comprendre, intégrer, adopter et restituer la finesse et la rigueur de cet enseignement ce qui n’est pas aisé car l’escrime est totalement soumise à la communion du corps et de l’esprit, à la maitrise du geste et de la réflexion, C’est d’une richesse inouïe, mais d’une pratique compliquée sauf à être instruit, guidé, par un excellent Maître. Dès lors, avec vos qualités avérées, votre attitude concentrée, sans vouloir plagier notre menhir, le grand Hugo au sujet de Bonaparte, il était évident que c’est un maître complet qui perçait sous l’élève appliqué. Et vous l’êtes devenu, faisant partie des détenteurs de l’épée d’or de l’Académie d’Armes de France, distinction hautement honorifique dans la profession. J’eus l’honneur de vous la remettre, ici, à Niort, où, évaluant l’effet de votre présence, je posais la question de savoir s’il n’y avait pas un Chaboisseau à Niort comme il y eut un Cyrano à Bergerac. Mais point d’Edmond Rostand à l’horizon pour s’emparer de la question.
Vous avez enseigné avec bonheur en club, 25 ans durant au cercle d’escrime Du Guesclin de Niort où vous vous êtes avec ténacité, attaché à en faire une salle d’armes dotée de 8 pistes magnifiques, amenant le nombre de pratiquants à plus de 100 licenciés, ce qui aura été une hausse tout à fait remarquable et significative de votre ambition d’enseignant. Vous avez formé et entraîné des jeunes talentueux qui ont fait des résultats régionaux, nationaux et internationaux et ils disent ces élèves, notamment la double championne de France et médaille de bronze européenne Martine GOYEC, que vous avez été, êtes encore peut-être, leur mentor. Vous êtes aussi longtemps intervenu dans le milieu scolaire, là où tout commence, là où tout se joue pour l’avenir des jeunes, pour l’avenir d’un pays, sujet ô combien d’une brûlante actualité dans le nôtre, aujourd’hui.
Parallèlement, compétiteur dans l’âme, vous avez obtenu les résultats suivants :
- 6 fois champion de France ouvert à tous les enseignants open au sabre, 2 fois à l’épée ;
- 11 fois champion de France des Maîtres ;
- 3è à l’individuel aux championnats d’Europe des vétérans à l’épée, 3è à une édition, 2è à l’autre par équipe au sabre ;
- 1er, Champion du monde par équipe à l’épée aux championnats de l’Académie d’armes internationale. (l’AAI)
- 3è, médaille de bronze individuel au sabre aux championnats du monde des vétérans qui ont eu lieu en Floride en 2006 ;
- 3è, médaille de bronze par équipe au sabre à ces mêmes championnats du monde qui ont eu lieu en 2015 en France à Limoges ;
- 1er, Champion du monde individuel 2016 au sabre également à Limoges où l’avez remporté, contribuant beaucoup ainsi à l’obtention de la 3è place de la France derrière les USA et l’Italie.
Ce palmarès chez les enseignants et tout aussi attaché à vaincre chez les vétérans, témoigne d’un tempérament de gagneur dont on peut considérer que, chevillé au corps, il ne cessera jamais.
Vous avez également pratiqué et enseigné l’escrime artistique tant il est vrai que l’histoire des armes de pointe et d’estoc fait partie de l’histoire des civilisations et ô combien de notre Histoire, même si les légendaires 3 mousquetaires sont plus populaires que le courageux chevalier Bayard. Vous avez été aussi un organisateur auquel on doit maints évènements nationaux et internationaux que vous avez reçus ou initiés et c’est en bénévole que vous avez tenu et tenez encore des postes de dirigeant en responsabilité dans des associations et je relève à ce sujet qu’aujourd’hui encore :
- Vous intervenez régulièrement à Usès, dans le Gard, auprès des jeunes du club local ;
- Vous êtes président du Comité Poitou-Charentes de la Fédération Nationale des Joinvillais dont vous êtes un des membres les plus engagés à perpétuer l’esprit de Joinville ;
- Vous faites partie des membres actifs de l’Académie d’armes de France, l’association historique des Maîtres d’armes de France.
Au-delà des postes de bénévoles que vous avez occupés, tel que celui de président du comité départemental d’escrime, et je me garderai de les énumérer ici, votre constance à ce sujet est le reflet d’un état d’esprit qui consiste à servir. Servir les élèves qui vous ont été confiés, servir son prochain avec les qualités dont vous avez hérité, les formations qui vous ont été données, les atouts que vous vous êtes forgés, et tout mis bout à bout, enseignant sportif, servir notre pays.
Après les incroyables émotions partagées, planétaires, qu’ont provoqué les JOP de Paris, nul ne saurait contester la place importante du sport dans la société., la cohésion, la ferveur et la joie, qu’il est capable d’engendrer. En ce moment même d’ailleurs nos athlètes olympiques et paralympiques médaillés sont en train de défiler dans une grande parade sur les champs Elysées, en présence du président de la République et d’un public enthousiaste et joyeux venu, nombreux, les honorer.
Je dirai à ce sujet que comme il en a été des instituteurs qualifiés de hussards noirs de la République, les éducateurs et entraineurs sportifs sont peut-être les Hussards bleus (bleu France) de la République, dont la mission d’éduquer le corps est aussi essentielle que celle de l’esprit. Vous êtes incontestablement de ceux-là, André Chaboisseau, un enseignant investi de cette mission qui touche à la forme et au bien-être, qui fait qu’il serait judicieux que le sport pratiqué par le plus grand nombre devrait être un des indices d’éducation et progression sociale relevé dans tout pays. Autant dire l’importance de votre activité éducative et citoyenne, cher maître Chaboisseau et c’est avec beaucoup de respect que je m’apprête à vous en distinguer sauf que, si vous le permettez ….
Tout aussi brillante que soit la carrière d’un homme ou d’une femme, il y a toujours un être précieux derrière, qui est là, qui aide, qui veille. Et je m’autoriserai cette association si opportune aujourd’hui : c’est le porteur de flamme, le gardien, la gardienne en l’occurrence de la flamme qui vous anime, André, vigilante à tout préserver. Et c’est votre épouse, Sylvie. Mais bien que ne pouvant omettre de vous citer, je ne saurais en en dire plus que votre mari, sur vous, vos fils et votre si belle famille, madame Chaboisseau. Je tenais cependant à vous dire que nous sommes toutes et tous conscients de la part qui est la vôtre dans cette reconnaissance et cette admiration que nous portons à la carrière de votre époux, espérant que votre modestie ne souffrira pas de ce mot si court, si simple, qu’au nom de tous je vous adresse en vous disant du fond du cœur, Sylvie, MERCI.
Et merci à vous mesdames et messieurs, de votre attention.